Décret sur le budget participatif (CI0036)
Aperçu
D'un coup d'œil
Plan d'action: Plan d'action de la Côte d'Ivoire 2022-2024
Cycle du plan d'action : 2022
Statut:
Institutions
Institution chef de file : Ministère de l'Intérieur et de la Sécurité / Direction Générale de la Décentralisation et du Développement Local
Institution(s) d'appui : Secrétariat général du gouvernement (SGG) - Fondation Akwaba - Justice sociale - Union européenne (UE) - Projet d'appui aux gouvernements ouverts francophones (PAGOF) - Fonds international des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) - Union des villes et Communes de Côte d'Ivoire (UVICOCI) - Assemblées de Régions et de Districts de Côte d'Ivoire (ARDCI) - Collectivités territoriales
Domaines politiques
Renforcement des capacités, Démocratiser la prise de décision, Ouverture fiscale, Sexe, Inclusion, Engagements locaux, Intégration de la participation, Participation du public, Participation du public au budget / à la politique budgétaire, Règlement, JeunesRevue IRM
Rapport IRM: Revue du plan d'action de la Côte d'Ivoire 2022-2024
Premiers résultats : examen du MII en attente
Design i
Vérifiable : Oui
Pertinent pour les valeurs OGP : Oui
Ambition (voir définition): Haut
Implémentation i
Achèvement : en attente d'examen par le MII
Description
Brève description de l'engagement
Les budgets des collectivités locales sont le plus souvent élaborés par les élus et leurs conseillers selon leurs propres politiques, sans toujours informer sur le contenu du budget, sans rendre compte de l'état d'exécution du budget et sans tenir compte des avis et des besoins réels des citoyens . Cet engagement vise à changer l'approche budgétaire des collectivités territoriales en introduisant une nouvelle dynamique de collaboration entre élus et représentés. Par conséquent, avec cet engagement, le budget participatif sera obligatoire dans toutes les collectivités locales du pays.
Définition du problème
1. Quel problème l'engagement vise-t-il à résoudre ? - Ignorance de la population sur le contenu du budget local ; - La non-effectivité de la participation citoyenne ; - L'irrévocabilité des élus envers leurs populations dans leurs actions ; - Le problème de la transparence dans la gestion des affaires locales ; - L'exclusion d'une partie de la population marginalisée selon le versant politique de l'élu local : Cela peut porter atteinte à la cohésion sociale lorsque les partisans des élus sont privilégiés en termes d'investissements communautaires et conduire à une incompréhension des enjeux sociaux et politique gouvernementale; - L'inadéquation entre les besoins des populations et les projets menés pour leur bien-être ; - L'insuffisance d'information des populations, notamment des femmes, et des autorités locales sur la préparation, l'exécution, le suivi et l'évaluation du budget de leur commune, situation qui peut favoriser la corruption dans la gestion des affaires des collectivités locales ; - La faible implication et participation des populations dans la gestion budgétaire de leur commune. L'engagement vise à améliorer la participation citoyenne, qui est prescrite dans plusieurs textes en vigueur, dont la loi 2012-1128 en ses articles 32 et 35, la loi 2001-476 en son article 32.
1. Quelles sont les causes du problème ? L'article 32 de la loi 2012-1128 du 13 décembre 2012 portant organisation des collectivités territoriales consacre le caractère public des séances du Conseil. De ce fait, les populations sont autorisées à assister à ces réunions. Cependant, leur participation est passive car ils n'ont ni voix consultative ni voix délibérative. Le décret n° 82-1092 du 24 novembre 1982, fixant les règles de programmation et de budgétisation des actions et opérations de développement des communes et de la ville d'Abidjan, ainsi que leur nomenclature budgétaire, institue le programme triennal, qui est document dans lequel sont classées par ordre de priorité les actions d'aménagement et les opérations visant à améliorer le cadre de vie des habitants d'un territoire donné. Concrètement, il appartient aux autorités communales de concevoir et de programmer les équipements et services d'intérêt local afin de permettre le développement local. En toute logique, il doit être élaboré en tenant compte des avis des citoyens des différents quartiers et villages de la commune. Ce n'est pas le cas actuellement. Bref, à aucun stade de l'identification des priorités d'investissement et de l'élaboration des budgets des collectivités locales, la consultation des populations et la prise en compte de leurs besoins ne peuvent être avérées.
Description de l'engagement
1. Qu'est-ce qui a été fait jusqu'à présent pour résoudre le problème ? Avant l'adhésion de la Côte d'Ivoire à l'initiative OGP : Au début des années 2010, la Direction Générale de la Décentralisation et du Développement Local mettait en œuvre ou appuyait des initiatives et des programmes d'institutionnalisation du budget participatif dans les collectivités territoriales ivoiriennes. Ainsi, l'USAID (Agence Américaine pour le Développement International) a appuyé la mise en œuvre du budget participatif dans certaines communes dont Yopougon et Divo. Malheureusement, cette phase pilote a échoué en raison d'une formation insuffisante, d'une méconnaissance du processus de mise en œuvre, d'un manque d'appropriation du budget participatif dans ses principes et ses valeurs par les collectivités locales et bien d'autres facteurs. Après l'adhésion de la Côte d'Ivoire à l'initiative OGP : Après l'adhésion officielle de la Côte d'Ivoire à Open Government Partnership (OGP) le 28 octobre 2015, et au regard des valeurs de transparence dans la gestion des affaires publiques et de participation citoyenne, le TC-OGP a inscrit comme engagement 6, dans le PAN 2 : Promouvoir la démocratie participative dans les collectivités territoriales (engagement porté par la DGDDL). Suite à divers plaidoyers, les institutions internationales (Union Européenne, UNICEF) et les Organisations de la Société Civile (Fondation Akwaba), en étroite collaboration avec le Ministère de l'Intérieur et de la Sécurité à travers la DGDDL, ont mené des programmes participatifs d'exécution budgétaire. Ainsi, grâce à cet appui, des programmes d'exécution du budget participatif ont été pilotés dans 16 communes (Daoukro, Ouellé, Prikro, Bongouanou, M'bahiakro, Abengourou, Bondoukou, Daloa, Divo, Duékoué, Ferkessédougou, Gagnoa, Korhogo, Man, Tiassalé et Yamoussoukro). Par ailleurs, en plus de ces opérations, la DGDDL a reçu en 2019 un appui du PAGOF pour la tenue de sessions de formation et de renforcement des capacités des communes ivoiriennes sur le budget participatif. Ainsi, du 1er au 9 avril 2019, 15 auditeurs de 08 communes, composés de cadres des services communaux et d'acteurs de la Société Civile ont reçu des rudiments sur les concepts et cadres institutionnels, les étapes de mise en œuvre du budget participatif, les méthodes et techniques des animateurs. , les principes et les dimensions du budget participatif. Du 9 au 17 mai 2020, c'était au tour de 11 communes de voir leurs capacités renforcées en matière de budget participatif. A ce jour, la Côte d'Ivoire compte plus de 30 communes (sur 201) qui ont vu leurs capacités de budgétisation participative renforcées. Parmi ces communes, 24 expérimentent activement le budget participatif dont 15 ont adopté des délibérations instituant le budget participatif. Le constat est que la participation citoyenne reste faible. En effet, les raisons sous-jacentes de la faible implication citoyenne sont : - l'absence de guide de pratique du budget participatif (directive), - l'absence d'outils pour suivre le processus et mesurer l'impact réel sur la qualité de vie des populations ; - la faible appropriation de ce processus par les élus ; - le lancement d'actions isolées des communes. En effet, il n'existe pas de véritable réseau qui aurait permis d'échanger sur les bonnes pratiques, les échecs sur le budget participatif et de mener des réflexions communes ; - la problématique de l'investissement initial et du temps de mise en place nécessaire pour acquérir et créer une plateforme numérique (ou un projet participatif offline) ; - Faiblesse du financement des grandes infrastructures et faiblesse des budgets ; - un obstacle idéologique fort : l'idée que seul l'élu de l'intérêt général doit décider et le refus du principe de responsabilité, qui conduit à des contraintes politiques et sociologiques sur les fonctions intermédiaires des administrations centrales, au profit d'un budget participatif efficace.
1. Quelle solution proposez-vous ? Consultation directe avec des citoyens de tous horizons, c'est-à-dire la société civile et des représentants de différents secteurs (y compris les femmes, les jeunes et d'autres communautés sous-représentées) pour exprimer leurs besoins et leurs priorités. Ces consultations seront incluses dans le programme triennal et leur exécution sera documentée dans des procès-verbaux. Ainsi, l'engagement portera sur : - La création d'un cadre légal du budget participatif pour impliquer davantage la population et rendre plus efficaces les actions des collectivités territoriales en leur faveur, ce qui renforcera la participation citoyenne déjà prévue dans certains textes tels que Loi 2012-1128 en ses articles 32 et 35, Loi 2001-476 en son article 32 ; - Sensibiliser tous les acteurs pour faciliter leur appropriation du budget participatif ; - Le développement d'un outil pour la pratique du budget participatif pour les collectivités et tous les autres acteurs du budget participatif. L'objectif de la modification du décret n° 82-1092 du 24 novembre 1982 sera de formuler des recommandations aux acteurs locaux, visant à renforcer la participation citoyenne et à rendre obligatoires certaines actions pour l'amélioration effective du budget participatif. Le décret contribuera à assurer la mise en œuvre du processus de budget participatif en recommandant, par exemple, l'inscription de procès-verbaux joints à la liste de présence des différents forums au même titre que les avis des commissions, et à hiérarchiser et préciser les besoins des population dans les fiches d'opérations dans la programmation et la budgétisation des actions et opérations de développement communautaire.
2. Quels résultats voulons-nous atteindre en mettant en œuvre cet engagement ? Pour les citoyens : - Participation à la transformation concrète des collectivités territoriales par leurs idées ; - Participation au choix des priorités d'investissement ; - Amélioration du bien-être des populations en matérialisant leurs besoins dans des projets menés dans une perspective de genre. Pour les élus : - Une meilleure connaissance des besoins des citoyens ; - Choisir des investissements à fort impact social ; - Ouvrir et maintenir le dialogue avec les citoyens comme gage de transparence, de cohésion sociale et de paix. En créant un organe de suivi de la mise en œuvre du budget participatif et de sensibilisation et de renforcement des capacités, cet outil de gestion inclusif et efficace, les collectivités locales seront beaucoup plus disposées à se l'approprier en suivant les détails du guide de mise en œuvre du budget participatif qui sera développé. Cet organe de suivi pourrait initier diverses autres initiatives et actions pour motiver davantage les autorités locales et les gouvernements à pratiquer le budget participatif en évaluant le taux de participation citoyenne, en instaurant un prix pour récompenser ceux qui se sont distingués et ont même œuvré pour augmenter le financement des projets de budget participatif et l'organisation de forums. Enfin, en plus de ces initiatives, la manière dont les documents budgétaires sont communiqués pourrait être modifiée et améliorée afin d'attirer l'attention de la population dans une perspective de genre, afin de susciter plus d'intérêt de leur part dans leur droit à être effectivement impliqués. dans la gestion de leurs affaires locales : Par exemple : - Amener les collectivités territoriales à mettre effectivement à la disposition de la population leurs rapports annuels d'activité et tout autre document budgétaire conformément à la loi n° 2012-1128 du 13 décembre 2012 à travers un système d'information accessible à tous (par des affichages, des émissions de radio diffusées, des sites Web). A l'issue du processus, il s'agira : - de modifier le décret n° 82-1092 du 24 novembre 1982 ; - Prendre un décret portant création d'un organe de suivi du budget participatif ; - Elaborer un Guide ivoirien pour la mise en œuvre du budget participatif.
Analyse d'engagement
1. Comment l'Engagement favorisera-t-il la transparence ? Les citoyens étant impliqués dans la mise en œuvre des priorités (accessibilité de l'information), ils disposent des éléments de suivi et d'évaluation des investissements. Les managers sont donc contraints de gérer en toute transparence.
1. Comment l'engagement contribuera-t-il à favoriser la responsabilisation ? Le fait que les priorités des citoyens soient prises en compte dans la définition des investissements par les élus, un devoir de responsabilité s'impose à ces derniers.
2. Comment l'Engagement améliorera-t-il la participation citoyenne dans la définition, la mise en œuvre et le suivi des solutions ? La budgétisation participative est un mécanisme ou un processus par lequel les personnes décident de l'affectation de tout ou partie des ressources publiques locales disponibles ou sont impliquées dans les décisions concernant ces affectations. Il ne s'agit donc plus d'élus qui décident à la place des citoyens, mais des deux groupes qui travaillent ensemble.
Planification de l'engagement (Jalons | Résultats attendus | Date d'achèvement prévue)
1- Modifier le décret n° 82-1092 du 24 novembre 1982 | Le décret est modifié avec l'intégration de dispositions relatives à l'institutionnalisation du budget participatif | juin 2023
1- Elaboration d'un décret portant création d'un organe de suivi du budget participatif | Le décret portant création de l'organe de suivi du budget participatif est rédigé et signé | juin 2023
2- Elaborer le guide ivoirien de mise en œuvre du budget participatif | Le guide ivoirien de mise en œuvre du budget participatif est élaboré et opérationnel | Septembre 2023
3- Vulgariser les textes et documents produits à travers des caravanes de sensibilisation, des ateliers, des communications radio et télévision, et des publications sur les canaux de communication de la DGDDL | Les textes et documents produits sont connus | janvier 2024 - juin 2024
Résumé du statut à mi-parcours de l'IRM
Examen du plan d'action
Engagement 1. Institutionnaliser la budgétisation participative dans les collectivités locales ivoiriennes en modifiant le décret portant décentralisation
● Vérifiable : Oui
● A-t-il une optique de gouvernement ouvert ? Oui
● Potentiel de résultats : Substantiel
Engagement 1 : Institutionnaliser la budgétisation participative dans les collectivités locales ivoiriennes en modifiant le décret portant décentralisation [Ministère de l'Intérieur et de la Sécurité / Direction Exécutive de la Décentralisation et du Développement Local (DGDDL)]
Pour une description complète de l'engagement, voir Engagement 1 dans le plan d'action : https://www.opengovpartnership.org/documents/cote-divoire-action-plan-2022-2024/.
Contexte et objectifs:
Cet engagement vise à amener les gouvernements locaux vers une collaboration avec les citoyens en rendant obligatoire la budgétisation participative dans les gouvernements locaux à travers le pays. Actuellement, les budgets des collectivités locales sont le plus souvent élaborés par les élus et leurs conseillers, sans toujours informer les citoyens du contenu budgétaire, et sans rendre compte et prendre en compte les opinions et les besoins des citoyens. Il y a une loi qui consacre le caractère public des réunions du conseil et permet aux citoyens d'assister à ces réunions, mais leur participation est passive car ils n'ont ni voix consultative ni délibérative. Depuis que la Côte d'Ivoire a rejoint l'OGP, des engagements successifs ont cherché à promouvoir le budget participatif (PB). En effet, l'engagement 6 du deuxième plan d'action de la Côte d'Ivoire visait à promouvoir la démocratie participative au sein des autorités locales.
Grâce à l'appui de partenaires tels que l'Union européenne, l'UNICEF et des organisations de la société civile comme la Fondation Akwaba, des programmes de mise en œuvre du budget participatif ont été menés et ont permis à plus de 30 communes (sur 201) de voir leurs capacités en matière de budget participatif renforcées. . Parmi ces communes, 24 expérimentent activement le budget participatif, dont 15 ont adopté des délibérations instituant le budget participatif (Bondoukou, Odienné, Biankouma, Boundiali, Korhogo, Soubré, Duékoué, Yakassé-Attobrou, Grand-Bassam, Dabou, Grand-Béréby, Sassandra, Man, Tiassalé et Abengourou). Le troisième plan d'action cherchait à consolider cet acquis en institutionnalisant le budget participatif à travers la promulgation d'un décret et de textes ultérieurs, notamment un décret portant création d'un organe de suivi du BP et l'élaboration d'un guide ivoirien de mise en œuvre du BP. Cet engagement n'a pas été mené à son terme, bien que le processus ait été engagé et que des projets de décrets et d'arrêtés aient été proposés. Sur la base de consultations publiques, le Comité technique et la société civile ont convenu de modifier le décret n°82-1092 du 24 novembre 1982 fixant les règles de gouvernance et de budgétisation des communes et de la ville d'Abidjan, pour institutionnaliser la budgétisation participative. Un représentant du ministère de l'Intérieur, le ministère d'exécution, a indiqué que l'engagement sera mis en œuvre en partenariat avec la société civile, en commençant par l'élaboration des documents pertinents.
Il est important de noter que la Direction Exécutive de la Gestion de la Décentralisation et du Développement Local (DGDDL) a exprimé son intention d'aller au-delà de l'engagement tel qu'écrit. La DGDDL a l’intention d’adopter une approche plus large et plus stratégique du gouvernement ouvert au niveau local, au-delà de la budgétisation participative. Concrètement, la DGDDL vise à inscrire les normes de gouvernement ouvert dans le projet de loi de décentralisation en cours d'élaboration. Le MII prendra en compte ces activités lors de l'évaluation des résultats à la fin de la période de mise en œuvre, si les responsables de la mise en œuvre entreprennent une version plus ambitieuse de cette réforme que celle indiquée dans le plan d'action.
Potentiel de résultats: Substantiel
Cet engagement a un potentiel important pour améliorer continuellement la participation citoyenne, la transparence budgétaire et la responsabilité des gouvernements locaux en Côte d'Ivoire. L'amélioration du cadre juridique en modifiant le décret pour rendre obligatoire la budgétisation participative pour les gouvernements locaux offre des garanties pour la durabilité de cette pratique. Entériner ce décret par un arrêté instituant un organe de contrôle et un guide pour faciliter la compréhension du budget peut faciliter l'efficacité de la pratique et une participation éclairée.
Le bilan de la Côte d'Ivoire en matière de participation citoyenne aux processus budgétaires est mitigé. Selon l'Enquête sur le budget ouvert, le niveau de participation du public en Côte d'Ivoire aux processus budgétaires nationaux a chuté entre 2019 et 2020. Cependant, le gouvernement de Côte d'Ivoire a réalisé des progrès grâce à l'implication de la société civile dans l'élaboration des documents de budget pluriannuel et de programmation économique et à la publication de budgets citoyens simplifiés dans le cadre du plan d'action précédent.
Malgré les efforts antérieurs, le statut de la budgétisation participative au sein des autorités locales n'a pas changé ces dernières années. M. Hugues Koffi, chargé d'études à la DGDDL, a affirmé que les pratiques de budgétisation participative n'ont pas changé depuis les dernières évaluations réalisées en 2020. L'étude menée par le ministère de l'Intérieur en 2020 a constaté que « sur le plan institutionnel et réglementaire, il Il apparaît très clairement que les lois, décrets et autres textes prévoient l’exclusion de la population dans la gestion des affaires locales » et que « le contrôle citoyen, la participation citoyenne en général et la participation budgétaire en particulier n’ont aucun ancrage ni base institutionnelle ».
C'est dans ce contexte que le précédent plan d'action national comprenait un engagement du ministère de l'Intérieur à institutionnaliser la budgétisation participative par le biais d'un décret. Entre-temps, un changement de direction à la DGDDL a entraîné un changement d'approche. L'administration a préféré modifier le décret n°82-1092 portant gouvernance et budgétisation des communes et de la ville d'Abidjan. Le détenteur de l'engagement estime que ce processus prendra moins de temps. Il est plus facile de modifier le décret que d'en rédiger un nouveau. Il est donc plus facile de mener à bien les réformes promises pendant la période de mise en œuvre. Les discussions ont commencé avec le Comité technique et les membres de la société civile sur le contenu du décret à modifier. Le représentant de la DGDDL rassuré sur le fait que l'ensemble du processus devrait être participatif et inclusif et impliquera la société civile et le Sénat. Il a également confirmé qu'un expert a été recruté pour élaborer le guide et que des discussions sont en cours.
M. Hugues Koffi a déclaré que le contenu du précédent décret sur le budget participatif rédigé dans le cadre du précédent plan d'action éclairerait les amendements à la loi de décentralisation. Le projet de décret rejeté peut donc être considéré comme un guide des changements attendus dans le cadre de la loi de décentralisation modifiée. Le projet de décret décrit le budget participatif « comme un mécanisme de participation et de contrôle citoyen dans la gestion des finances locales dans les communes et les régions ». Le décret définit les voies directes de participation du public aux processus budgétaires locaux en précisant que « la participation (…) est consacrée à l’élaboration du programme triennal en tenant compte des priorités choisies par la population en concertation avec les élus locaux, les acteurs étatiques et le secteur privé du développement local. Pour ce faire, le décret précise que les autorités exécutives locales mettent en place des comités de participation citoyenne ainsi que des forums de quartier, de village, de zone et thématiques, incluant les personnes vivant avec un handicap.
Le projet de décret définit également un cadre juridique pour le contrôle public de l'exécution du budget. Il précise que « la responsabilité (…) est consacrée au suivi de l’exécution et au suivi-évaluation (contrôle citoyen) du budget, à la sensibilisation au civisme fiscal et à la réalisation de projets participatifs (.) ». Le projet de décret appelle également à la mise en place d'un comité national de suivi de la mise en œuvre du budget participatif dans les collectivités locales. Le comité comprendrait des représentants des ministères responsables des autorités locales, du budget, de l'économie et des finances, et de la planification, ainsi que des organisations faîtières des autorités locales et des organisations de la société civile. Le projet de décret précisait que le comité serait financé par le gouvernement.
Pour mettre en œuvre cet engagement, quatre étapes ont été prévues : (1) la modification et l'adoption du décret, (2) l'élaboration et la signature du décret portant création d'un organe de suivi, (3) l'élaboration du guide du budget participatif. , et (4) la diffusion de tous ces documents. Au moment de la rédaction de ce rapport, des propositions de documents ont été soumises à la Direction Exécutive de la Décentralisation et du Développement Local (DGDDL) et sont en attente de validation interne avant l'organisation d'un atelier public, selon le représentant de la DGDDL. Il a expliqué que ces propositions s'appuient sur des documents déjà élaborés lors de la mise en œuvre du plan d'action précédent. Selon lui, la période prévue pour la modification du décret dans le plan d'action 4, à savoir juin 2023, sera respectée et il prévoit que l'engagement sera complété d'ici la fin de la période de mise en œuvre. Le plan d'action présente les activités prévues pour diffuser la loi modifiée, notamment des caravanes de sensibilisation, des ateliers, des communications radiophoniques et télévisées et des publications sur les canaux de communication de la DGDDL.
Cet engagement a un potentiel substantiel pour ouvrir le gouvernement si la loi sur la décentralisation est modifiée conformément au décret précédemment rédigé. Toutefois, pour que ces résultats soient considérés comme substantiels, il faut apporter la preuve d’actions concrètes. Cela comprend, à court terme, les documents (décret, arrêté et guide) approuvés par l'autorité compétente ; à moyen terme, la preuve que le budget participatif est pratiqué dans un plus grand nombre de collectivités locales ; et à long terme, la preuve que les budgets des autorités locales reflètent les contributions des citoyens. Le MII prendra en compte la réforme dans son ensemble lors de l'évaluation des résultats à la fin de la période de mise en œuvre, y compris les amendements à la loi qui ouvrent le gouvernement au-delà de la budgétisation participative.
Opportunités, défis et recommandations pendant la mise en œuvre
L'engagement du gouvernement et de la société civile en faveur de la budgétisation participative est démontré par son inclusion dans les trois plans d'action précédents du PGO. Les réformateurs ont continuellement réfléchi et adapté la conception des engagements à chaque itération pour faire avancer au mieux la réforme. Les activités lancées dans le cadre du plan d'action précédent, telles que la rédaction du décret et du guide, ont jeté les bases d'une mise en œuvre globale de cet engagement.
Deux obstacles potentiels à la mise en œuvre incluent le manque de compréhension de la budgétisation participative et les contraintes financières des autorités locales. L'évaluation de 2020 de la budgétisation participative en Côte d'Ivoire a noté que les contraintes financières des autorités locales entravent leur capacité à répondre aux besoins des citoyens. L'étude a souligné que les ressources sont souvent insuffisantes pour mettre en œuvre les projets demandés par le public. L'étude a également noté un faible niveau de compréhension parmi les responsables locaux et le public du processus et de l'objectif de la budgétisation participative. L’étude indique qu’il existe une « vision faible des élus locaux qui considéraient initialement le Budget Participatif comme un instrument de recherche de financements extérieurs ». et le « niveau de formation relativement faible de certains conseillers municipaux limite leur capacité à agir comme relais auprès du conseil municipal pour la diffusion de l’information dans les quartiers et villages ». Par conséquent, l'offre de formations et de sensibilisation dans les langues locales par le gouvernement et la société civile sera importante pour expliquer et définir des attentes appropriées en matière de budgétisation participative. Plus précisément, l'IRM recommande ce qui suit :
● Veiller à ce que les organisations de la société civile soient bien représentées dans les processus de rédaction des textes et alloue des budgets aux niveaux national et local, avec une attention particulière pour garantir l'inclusion des groupes marginalisés.
● Utiliser les langues locales dans la sensibilisation à la budgétisation participative, par exemple à travers les caravanes et les médias prévus, et la diffusion du guide sur la budgétisation participative. People Powered propose une boîte à outils de sensibilisation sur la budgétisation participative pour aider à exécuter des campagnes de sensibilisation.
● Soutenir une participation éclairée et la conception de projets grâce à des conseils destinés aux participants et aux responsables de la mise en œuvre sur le budget, la documentation et les considérations techniques pour une conception de projet réalisable.
● Étendre l’évaluation de la budgétisation participative dans toutes les autorités locales participantes. En Côte d'Ivoire, 15 communes ont entrepris une budgétisation participative. L'étude commandée en 2020 par le ministère de l'Intérieur et de la Sécurité n'a pris en compte que 3 communes. Une nouvelle évaluation pour les 15 communes fournirait une vision éclairée et permettrait une mise en œuvre itérative. Le chapitre 7 de « Budgétisation participative en Afrique : Guide d’apprentissage pour les pays francophones » fournit des exemples et des outils pour évaluer les projets lancés par la budgétisation participative et les processus de budgétisation participative lui-même.