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Visages du gouvernement ouvert : Paul-Joël Kamtchang

Paul-Joël Kamtchang|

Paul-Joël Kamtchang est un data journaliste camerounais et est le secrétaire exécutif de ADISI-Cameroun.   

À l’occasion de la Journée africaine de lutte contre la corruption, il donne un aperçu de la façon dont données ouvertes améliore transparence et la responsabilité dans la gouvernance de l'Afrique centrale et discute du rôle du journalisme de données dans la découverte de la corruption.

À partir de votre expérience, comment l’open data contribue-t-elle à la lutte contre la corruption en Afrique Centrale ?

Les données ouvertes sont un outil crucial dans la lutte contre la corruption, en particulier dans un système de gouvernance opaque comme l’Afrique centrale, qui reste la kleptocratie la plus redoutable et la plus pernicieuse du continent africain. À cet égard, la publication du patrimoine des gouvernants et l’ouverture des données sur les marchés publics, les budgets et leur exécution sont des garanties de prévention de la corruption. Cependant, face à l’ingénierie mafieuse qui se cache derrière nos administrations publiques, le renforcement institutionnel des agences anti-corruption reste indispensable.

L'Afrique centrale, également connue sous le nom de « Kleptoland », doit faire des efforts importants dans ce domaine pour assurer son développement. Le partage des ressources et l’accès des citoyens aux services sociaux de base restent des défis majeurs. D’autant que 80% des richesses sont concentrées entre les mains de 20% du peuple qui contrôle le pouvoir et les richesses, faisant de cette situation un mode de gouvernance. Cette situation est susceptible de développer la corruption, avec à sa base la kleptocratie dans sa forme la plus violente et la plus pernicieuse. Par conséquent, les producteurs de données publiques doivent remédier au manque de données. 

Quel rôle le journalisme de données joue-t-il dans votre travail et pourquoi est-il important dans la lutte contre la corruption ?

En Afrique centrale, très peu de journalistes sont impliqués dans les enquêtes sur la corruption. Outre les systèmes politiques qui se montrent impitoyables envers tout journaliste tentant de creuser ce couloir, ils manquent de données ventilées sur la question et de l’infrastructure technologique nécessaire pour en rendre compte. De plus, la meilleure politique et ouverture en matière de données doit venir des autorités publiques dont la mission est de servir les citoyens et, par conséquent, la société.

Cependant, d’autres techniques telles que l’OSINT (intelligence open source) et désormais l’IA générative peuvent aider à surmonter l’inaccessibilité des données dans une région où aucun pays ne juge nécessaire d’adopter une loi-cadre sur l’accès à l’information, et encore moins aux données ouvertes, pour divulguer les données. .

At DonnéesCameroun, une plateforme promouvant le journalisme de données et le journalisme d'investigation, nous avons lancé les Data Journalism Academies, où nous formons et incubons des idées d'investigation dans les domaines des ressources naturelles, de la gouvernance, de la kleptocratie et d'autres secteurs vitaux qui n'offrent généralement pas de données aux citoyens. En tant que mission de service public, nous soutenons les journalistes et finançons des enquêtes pour dénoncer certains faits de société.

Y a-t-il des mouvements ou des initiatives mondiales qui ont particulièrement inspiré votre travail ?

Oui, plusieurs initiatives ont jalonné mon parcours de chasseur de données, de journaliste de données et de activiste des données. En Afrique, le Inkyfada L’initiative en Tunisie a malheureusement perdu de son éclat mais a révolutionné les modèles éditoriaux avec une approche de narration basée sur les données. Au Burkina Faso, le mouvement de l’open data incarné par le Communauté des données ouvertes d’Afrique francophone (CAFDO), est heureusement en train d'être relancé. Les tout premiers projets média open data 1&2 sont mis en œuvre sur le continent par CFI-Médias, l'opérateur média du ministère français de l'Europe et des Affaires étrangères. Et particulièrement MediaLab pour Elles, un projet très intéressant et innovant qui a ouvert la voie à le sexe données en Afrique.

En Europe, j'admire beaucoup les nombreux travaux réalisés par Dataactiviste Cécile Le Guen. Samuel Goeta, qui a récemment publié un merveilleux livre «Les données de la démocratie" et DataGueule de Sylvain Lapoix, qui révolutionne la narration de données au format audiovisuel. Je reste très attentif et surtout réfléchi sur la place réelle des données dans la démocratie africaine. Quoi qu’on en dise, il s’agit d’un outil qui, s’il est promu, révolutionnera considérablement l’accès à l’information et renforcera droits de l'homme. On ne le dit jamais assez, l’open data est un véritable pilier du participation citoyenne.

Commentaires (1)

Gladys Estela Riveros Rojas Répondre

« Lanzamos las Academias de Periodismo de Datos ».
Il est généralement nécessaire que les jeunes dirigeants aient la capacité de transmettre des informations et des opportunités (Datos Abiertos del Estado y para el Estado).

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