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À la recherche de leaders politiques responsables du changement climatique

Adélaïde Charlier|
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Adélaïde Charlier

Democracy is not only about des élections but also about elected leaders who listen to the voice of the people and are accountable to them. More citizen engagement in public policy and a reduction in the gap between elected leaders and their constituents is part of the solution.

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Depuis six mois, la activiste climatique suédoise Greta Thunberg fait grève devant la chambre des représentants en Suède. Elle demande aux responsables politiques de respecter leurs engagements internationaux de réduction des émissions de CO2 afin de limiter l'effet de serre qui réchauffe notre planète. Greta a inspiré de nombreux jeunesse en Belgique, en Suisse, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et en Allemagne pour commencer à protester contre le changement climatique. Ses actions ont abouti à la grève mondiale pour le climat du 15 mars qui a rassemblé 1,4 million de personnes dans 125 pays - la plus grande manifestation environnementale jamais organisée.

En Belgique, les étudiants sont en grève et manifestent tous les jeudis depuis janvier 2019 pour demander aux dirigeants politiques de prendre au sérieux les scientifiques et le changement climatique. En effet, les scientifiques ont constamment répété, avec une certitude et une précision croissantes au cours des deux dernières décennies, que le réchauffement planétaire était réel et qu'il était lié à l'activité humaine.

Il semble y avoir un écart important entre les avertissements des scientifiques sur le changement climatique et la passivité et le manque d'action des politiciens. C'est une source d'inquiétude pour les jeunes générations. Selon les Nations Unies, nous avons une brève fenêtre d'opportunité de dix à douze ans avant de faire face à un changement climatique irréversible. C'est une période très courte et nous devons agir maintenant. Cependant, nous sommes très loin d'une action concrète, et malgré le dernier rapport du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) soulignant à nouveau l'ampleur et l'impact du réchauffement climatique, nous semblons continuer avec le statu quo. Mon pays, la Belgique, est l'un des pires contrevenants européens par rapport aux objectifs climatiques de 2030. Selon un récent rapport de l'UE[Cité dans «Le Soir», édition du 5/3/2019]sans mesures supplémentaires, la Belgique manquera ses objectifs 2020 et 2030. S'ils étaient mis en œuvre, les plans actuels réduiraient nos émissions de 0.9 MT / an, mais pour parvenir à une décarbonisation de 2050, nous devrons réduire nos émissions de 3.7 à 5.1 MT / an ou au moins quadrupler le rythme.

Bien que certaines mesures soient prises, elles sont loin d’être suffisantes pour atteindre nos objectifs. Plutôt que de passer à l'action, les responsables politiques semblent plus compter sur la fatigue de la protestation chez les jeunes que sur le traitement de leurs revendications. Pourquoi donc?

Premièrement, beaucoup de dirigeants politiques européens ne s'attendaient pas à ce que le changement climatique soit au centre des campagnes électorales. La plupart des partis politiques ne sont tout simplement pas préparés techniquement à ce débat.

Deuxièmement, évoluer vers une société zéro émission est une transition à long terme qui va au-delà du mandat politique habituel (une ou deux législatures). Dans notre système démocratique, des gains rapides ou un impact à moyen terme restent nécessaires pour être réélu. Les avantages à long terme ne sont pas valorisés. La transition vers une société à zéro émission peut ne pas être suffisamment visible ou tangible et peut même comporter des risques que les politiciens pourraient ne pas vouloir prendre. Notre système démocratique est conçu d'une manière qui attend des dirigeants politiques d'aujourd'hui qu'ils prennent des décisions qui auront un impact sur la génération future au détriment de la génération actuelle. Pour résoudre ce problème, certains suggèrent de créer un parlement des générations futures. Cette deuxième chambre devrait intégrer les jeunes générations, qui à leur tour auraient voix au chapitre sur les décisions à long terme prises par un gouvernement.

Une troisième raison possible qui pourrait rendre difficile l'action politique sur le changement climatique est que les actions doivent être globales pour être efficaces. Certains prétendent que l'Europe devrait d'abord agir. C'est en effet l'une des complexités du changement climatique. Alors que les pays de l'hémisphère nord sont responsables d'environ 80% des émissions de CO2 dans l'atmosphère, les conséquences du réchauffement climatique (inondations, typhons, sécheresses, etc.) se font sentir de manière disproportionnée dans l'hémisphère sud qui émet moins de CO2. De plus, l'hémisphère sud ne pourra pas se développer avec des combustibles fossiles bon marché. C'est clairement une question de climat justice qui ne peut pas être facilement vendue aux circonscriptions de l'Ouest.

Cette lacune est-elle une question pour notre système démocratique? Je ne pense pas. Le fossé actuel entre les dirigeants politiques et les manifestations des jeunes pour le changement climatique est plutôt le symptôme d'une trop grande distance entre les dirigeants et leurs électeurs. Nous avons probablement besoin de plus de démocratie que de moins. En effet, la démocratie ne concerne pas seulement les élections, mais aussi les dirigeants élus qui écoutent la voix du peuple et sont responsables devant eux. Une plus grande implication des citoyens dans les politiques publiques et une réduction de l'écart entre les dirigeants élus et leurs électeurs font partie de la solution.

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