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Intensifier pour protéger l'espace civique et la démocratie

Joe Powell|

Cet article a été initialement publié sur la page Medium du Paris Peace Forum ici

La coopération multilatérale - en particulier pour garantir des sociétés pacifiques, justes et inclusives - n'est guère en vogue actuellement. Nous sommes à une époque de guerres commerciales, de nationalisme populiste et d'attaques contre les libertés civiles. Des accords internationaux historiques ont été sapés, et le leadership politique défendant les valeurs démocratiques libérales s'est affaibli aux plus hauts niveaux dans la plupart des pays. Dans le même temps, les manifestations citoyennes de ces derniers mois, de Hong Kong au Chili, ont exigé une gouvernance plus ouverte, plus réactive et plus responsable. 

La situation appelle de toute urgence une réponse collective de la part de ceux qui pensent qu'une démocratie ouverte peut produire des résultats pour les citoyens d'une manière que l'autocratie ne peut pas. Il ne suffit pas de déplorer le problème du recul démocratique. Une coalition plus forte de gouvernements, d'organisations de la société civile et de dirigeants doit faire marche arrière. 

Dans ce contexte, la deuxième édition du Forum de la paix à Paris (PPF) la semaine dernière a offert un espace aux personnes travaillant à la base pour contrer certaines de ces tendances mondiales afin de présenter leurs travaux sur divers problèmes de gouvernance et de côtoyer les chefs d’État. Le forum a été lancé par le président Macron en 2018 pour compléter les événements marquant le Xe anniversaire de la fin de la Première Guerre mondiale avec un programme de solutions et d’action prospectives. L'idée est de réunir des chefs d'État, dont plusieurs membres de la liste des participants à 100 ne représentent pas la paix et la démocratie, avec la société civile pour susciter des alliances et une coopération inhabituelles. 

Malgré la morosité des dernières années, ces défenseurs de la base offrent un aperçu de ce à quoi une alternative pourrait ressembler. Dans le Open Government Partnership (OGP) nous avons une communauté similaire. Que ce soit les efforts pour mettre fin au fléau des entreprises anonymes qui facilitent le blanchiment d'argent, l'argent illicite en politique et la corruption. Ou les réformateurs travaillant sur l'ouverture des marchés publics à travers la chaîne de valeur afin que les gens puissent savoir où va l'argent public et comment il apporte de la valeur aux citoyens. Ou la communauté des militants qui tentent d'injecter transparence et la responsabilité dans la façon dont les gouvernements utilisent la prise de décision algorithmique, afin qu'elle ne perpétue pas les préjugés. Le défi consiste à trouver ces idées et projets qui peuvent montrer pourquoi la démocratie fonctionne pour les citoyens, puis soutenir leur croissance dans et au-delà de leurs pays. Chez OGP, nous avons rejoint deux nouvelles initiatives importantes qui, nous l'espérons, contribueront à faire progresser cette approche du changement démocratique. 

Premièrement, nous ferons partie du conseil consultatif d’un nouveau Observatoire de l'OCDE sur l'espace civique. L'idée derrière l'observatoire est de permettre aux gouvernements de partager comment ils promeuvent et ouvrent un espace civique, et aux gouvernements de subir des «analyses d'espace civique» où ils recevront des recommandations concrètes pour faire face aux défis. 

L'espace civique est une question prioritaire pour OGP. Depuis la création de l'OGP, la majorité de nos membres ont connu une baisse des libertés civiles, même si nous avons des critères d'éligibilité pour l'entrée, ce qui signifie que les pires délinquants ne peuvent pas adhérer. En OGP pays, les données de 2017 ont montré que 58 % des pays signalent des problèmes liés au harcèlement des militants et des journalistes. Dans près de la moitié des pays OGP, les organisations de la société civile n'ont pas accès au financement et se heurtent à des obstacles à travers impôt règlements. Dans 52% des pays OGP, des rapports font état d'un recours excessif à la police lors de manifestations publiques, ainsi que de l'utilisation de la surveillance et de données personnelles pour cibler des organisations, des journalistes et des droits de l'homme défenseurs. Dans 45% des pays OGP, il existe des problèmes de censure ou de discrimination en ligne. La contribution du nouvel observatoire à la résolution de ces problèmes consiste à essayer de favoriser le leadership des gouvernements sur l'espace civique, en complément de l'excellent travail accompli par la société civile pour attirer l'attention sur la question.

Deuxièmement, OGP est un membre fondateur de la Forum international sur l'information et la démocratie. Organisé par Reporters sans frontières, le Forum a pour objectif de développer des normes et des standards visant à renforcer les garanties démocratiques en matière d’information. Les outils numériques offrent un potentiel énorme pour renforcer la participation des citoyens et les services publics, mais trop souvent, les règles régissant notre utilisation des nouvelles technologies sont définies dans des centres technologiques tels que la Silicon Valley ou Beijing. Notre défi est de démocratiser la gouvernance de ces outils numériques ou des nouvelles technologies, que ce soit pour promouvoir l’utilisation transparente et responsable des algorithmes par l’État (comme France et Canada font à travers leurs plans d'action OGP), ou avec des militants de la vie privée pour s'assurer que les droits sur les données sont développés et appliqués. Les principes du gouvernement ouvert offrent une valeur énorme lorsqu'il s'agit d'aborder les frontières de gouvernance numérique, et nous sommes impatients de les faire progresser avec les gouvernements et la société civile par le biais de ce nouveau Forum. 

Afin de construire des sociétés justes et pacifiques, nous devons créer des coalitions intersectorielles pour ouvrir le gouvernement et renforcer la démocratie au-delà des urnes. Cela ne peut être réalisé que si nous garantissons un espace sûr à la société civile, aux journalistes et aux citoyens ordinaires pour qu'ils puissent exprimer leurs besoins et demander des comptes à leurs gouvernements. 

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